Face à la privatisation de la Poste, il y a urgence de relancer une activité syndicale offensive dans les bureaux de poste du Comminges pour gagner sur nos revendications. Un débat riche et interactif est nécessaire, c'est le but de ce blog. Postières, postiers débattons ensemble sans tabou !
C’est une maladie aussi vieille que le capitalisme: la syndicalophobie, la détestation voire la haine des syndicats et de tout ce qui s’apparente à une organisation de travailleurs contre les patrons qui les exploitent.
Zigzaguons un peu dans l’histoire...
Cette syndicalophobie fut – et est toujours ! – d’une violence meurtrière aux Etats-Unis. Un seul exemple qui vaut pour tous: le 3 mai 1886, la répression d’une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick à Chicago. Le 4 mai, une marche de protestation est organisée. Lorsqu’elle allait se disperser, une bombe explose, faisant un mort dans les rangs de la police. Cinq syndicalistes sont arrêtés, jugés et condamnés à mort sans la moindre preuve. «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui», dira August Spies avant d’être pendu.
Autre exemple, en France, la Fédération syndicaliste des Jaunes – briseurs de grèves – promettait de «clouer la charogne de Jaurès vivante contre une porte». Jaurès qui pourrait écrire aujourd’hui à propos des Goodyear ce qu’il écrivait dès 1893: «Vous n’oserez peut-être pas détruire ouvertement les syndicats ouvriers ; mais avec [vos] magistrats [...] vous trouverez bien assez le moyen [...] de supprimer [leur] liberté.»
Plus tard encore, les chemises noires de Mussolini persécuteront à coups de gourdin, de tortures, d’assassinats les syndicalistes italiens pour imposer une corporation fasciste comme seule interlocutrice du pouvoir. Plus près de nous, Margaret Thatcher se fit une gloire d’avoir brisé la grève des mineurs anglais et détruit leur syndicat. Reagan l’imitera avec les contrôleurs aériens; quant à Tony Blair il se situera résolument dans la même perspective.
Le gouvernement français actuel (qu’on ne peut qualifier de «socialiste» qu’ironiquement) est l’héritier méritant de cette longue tradition antisyndicale. Avec la condamnation des syndicalistes de Goodyear à neuf mois de prison ferme, avec la destruction annoncée du Code du Travail et des lois de protection des salariés, il semble même vouloir entrer dans le livre Guinness des records de la répression et de la discrimination syndicales.
François Hollande ayant définitivement – et sans ambiguïté – pris le parti de l’actionnariat contre le salariat, la syndicalophobie est dès lors consubstantielle à son action. Rien ni personne ne doit faire obstacle au patronat, à la finance, à la spéculation, surtout pas les syndicalistes, ennemis du néolibéralisme, ces «voyous» d’Air France, de Continental, deGoodyear et de tant d’autres entreprises, passibles de prison pour cela! Les patrons qui ont applaudi Manuel Valls ne s’y sont pas trompés: il est des leurs contre les salariés ayant l’insupportable prétention de lutter pour sauver leur emploi et leur dignité.
En France, la syndicalophobie prospère dans les organisations patronales, dans tous les courants de droite et d’extrême droite, y compris parmi les membres du Parti «socialiste» ou ses sympathisants. De façon anecdotique, il est significatif qu’à la une du journal «le Monde» le dessinateur Plantu manifeste systématiquement sa haine des syndicats (et en premier lieu de la CGT), des mouvements sociaux, des grèves, des ouvriers en lutte qui, sous son trait, apparaissent toujours mal rasés, mal habillés, sales, obèses et plus ou moins avinés.
François Mitterrand avait réussi à atomiser le Parti communiste et à mettre en selle le Front national. Digne successeur, François Hollande va réussir à vitrifier le Parti socialiste et à dresser un piédestal pour le même Front national. Sa syndicalophobie lui vaudra à coup sûr une statue offerte par la droite (y compris «socialiste») et l’extrême droite reconnaissantes. Parions qu’elle sera dressée rue Thiers (l’assassin de la Commune) à Paris, dans le 16e arrondissement. La farce sera jouée. Sauf à tout renverser avant qu’il soit trop tard.
Gérard Mordillat
Né en 1949 à Paris, écrivain et réalisateur, Gérard Mordillat a tourné une vingtaine de films, dont «Vive la sociale!» (1983) et «En compagnie d'Antonin Artaud» (1993). Il a réalisé pour France 2 l'adaptation de son roman, «les Vivants et les Morts» (2010). Il est l'auteur, avec Jérôme Prieur, de «Corpus Christi» (1997) sur les origines du christianisme, et tout récemment de «Jésus et l'islam» (2015, Arte), série documentaire accompagnée d'un essai, «Jésus selon Mahomet» (Seuil).
Source : http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160201.OBS3815/il-faut-en-finir-avec-la-syndicalophobie.html
Le mot de la section :
Il n'est vraiment pas rare de constater que la CGT est souvent prise pour cible ces derniers temps.
Un grand nombre des personnes intervenant violemment à notre égard ne passent pas par la réflexion. Le plaisir de critiquer ou de déverser des paroles haineuses jusqu'à même en venir à des actes, tel est le leitmotiv d'une population qui cherche en nous des coupables alors que s'ils s'instruisaient un peu plus, ils se rendraient compte que nous nous battons pour une juste cause, les droits des salariés.
Bien sûr certains de ces sites sont tenus par des personnes bien ancrées dans le conflit politique (FN ou autre) qui souhaitent par cette stratégie attirer un maximum d'internautes dans leur propre cause. Le piège est tellement grossier, il n'y a qu'à visionner certaines publications faisant l'apologie de la haine de l'autre. A partir du moment où quelqu'un déteste son prochain juste parce que ce dernier agit pour une communauté, il faut se poser des questions.
Le mot de la fin, les différents maux de notre société ne proviennent pas de l'activité syndicale d'un groupe de personne essayant de faire aller les choses dans le bon sens, celui de la démocratie, la vraie (de Demos = peuple et Kratos = pouvoir). Car le pouvoir actuel est détenu par la finance dans son unique but d'affaiblir un peu plus les civilisations, les faibles (allez voir ce qu'il se passe en Grèce). La CGT, qu'on se le dise est une organisation de travailleurs souhaitant centrer l'humain au coeur des débats politiques et du monde du travail. Affirmer le contraire ou nous cracher au visage est normal puisque nous vivons après tout dans une société de libre expression, mais cela suppose qu'il y a un sacré problème au niveau de la réflexion... Et comme l'avait cité Xavier Mathieu (ex Conti) devant le palais de justice d'Amiens : "Je termine par une citation que je dédie à tous les militants, les contestataires, les désobéissants, les résistants, les révolutionnaires, à tous ceux qui oeuvrent pour une société humaine et un monde meilleur. Tant que vous continuerez à aimer des personnes, des nations et système qui vous méprisent et vous haïssent, vous ne cesserez de vous rendre méprisables et haïssables et ce faisant commettez un triple crime ; le premier contre votre propre dignité en vous humiliant ; le second en servant objectivement en tant que supplétifs des intérêts qui feront votre perte, et enfin contre l’intelligence et le bons sens qui veulent que l’attrait et l’admiration soient toujours partagés". (Malcom X)
Ce qui nous coûte cher, à tous, c'est le capital, ne soyez pas dupes ! Les évasions fiscales, les dividendes, les dépenses gouvernementales, présidentielles (et post-présidentielles), leurs dispositifs garantis à vie etc... voilà du pognon qui pourrait redonner un élan à notre pays et non à une élite minoritaire.