Vidéo. Lettre ouverte à la Cinémathèque française, l’exploitation du « petit personnel » !
Publié le 5 février 2016
Le nouveau directeur – Frédéric Bonnaud - de la Cinémathèque française, a été accueilli lundi 1er février par une « lettre ouverte » filmée, d’une étudiante de 22 ans, ex-employée à l’accueil de la Cinémathèque. Cette vidéo a depuis fait le tour des réseaux sociaux.
Face caméra, la jeune étudiante en cinéma dénonce, durant 13 minutes, les conditions de travail « déplorables » du « petit personnel » d’accueil employé en sous-traitance par la société City One à la Cinémathèque.
Contrats « ponctuels » - à la journée ou à la semaine - renouvelables, primes promises mais dont elle ne verra jamais la couleur, renvois abusifs par une directrice qui se qualifie elle-même de « petit Mussolini », « harcèlement », « menaces subtiles », « chantages affectifs », « délation », « accusations mensongères », « emplois du temps ingérables » etc.
Ainsi est dressé le portrait de la vie quotidienne des précaires, qui ne « méritent pas le bonjour du directeur », et souffrent, en silence, de ce mépris de classe.
Jusqu’en mai 2014, où suite à un licenciement abusif, une grève sans préavis éclate, mais cela ne dure que le temps d’une journée suite à des menaces (non-reconduction des contrats) proférées par la société de sous-traitance pour étouffer la colère des employés, un schéma malheureusement bien connu des travailleurs !
Ce témoignage vient assombrir le tableau d’une institution culturelle historique et « prestigieuse » – fondée en 1936 par Henri Langlois et Georges Franju. De fait, alors même que la direction de la Cinémathèque connaissait les méthodes de gestion abusives de cette entreprise de sous-traitance, celle-ci a été reconduite pour trois ans, six mois après la grève ! L’ex-employée souligne, avec beaucoup de justesse, l’hypocrisie flagrante de l’institution, et de ses directeurs, ces « hommes de gauche » et de culture, qui n’ont cessé de déshumaniser et d’exploiter une partie de son personnel, considérés comme des « bouche-trous ». La jeune fille a fini par voir son contrat précaire « non reconduit », sans explication. Étudiante, elle se retrouve dans l’obligation de « vivoter », « n’ayant droit ni au RSA, ni au chômage ».
Le lundi 1er février, d’après des informations recueillies auprès des membres du personnel de la Cinémathèque par le journal « Libération » « le mot d’ordre interne de la direction [de la Cinémathèque] est de ne surtout pas répondre à la missive » pour « ne pas lui donner d’écho ». Lors de sa prise de fonction le mardi 2 février, Frédéric Bonnaud s’est finalement exprimé sur la question : « J’ai pris mes fonctions de Directeur général de La Cinémathèque française le 1er février 2016. Du 3 au 7 février se tient, à la Cinémathèque française et hors les murs, le Festival du film restauré Toute la mémoire du monde. Cependant, dès le 2 février, rendez-vous a été pris avec les dirigeants de la société Cityone mardi 10 février. À l’issue de cette réunion, La Cinémathèque française prendra toutes les mesures qui s’imposent. »
Cette étudiante a publié cette vidéo sur Youtube pour faire de sa situation personnelle un « acte politique en soutien à toutes les personnes qui ont connu, qui vivent encore cette situation ». Effectivement, « dans notre société malade, la culture n’est pas épargnée », nous lui adressons notre soutien et appelons à la solidarité avec tous les travailleurs précaires, et tous les opprimés !