[Dernière minute] Mobilisation au Mirail à Toulouse, une journée particulière
Ce mardi 22 mars, une assemblée générale ayant regroupé entre 250 et 300 étudiants s'est tenue à l'université du Mirail. Si les chiffres semblent montrer une stagnation, l'atmosphère sur le...
Mickaël Wamen en guest star !
La grogne, la rage des jeunes contre l'indifférence des dirigeants
Il y a 48 ans une bande d’étudiants de Nanterre, anarchistes, trotskystes, situationnistes, et sans-étiquettes, mobilisés contre la guerre américaine au Vietnam, déclenche un mouvement qui aboutira par effet de boule de neige à l’accélération de l’Histoire qu’est Mai 1968.
Léo Serge
L’histoire du Mouvement du 22 mars commence deux jours plus tôt. Une manifestation est organisée par le comité Vietnam National « pour la victoire du peuple vietnamien contre l’impérialisme américain » sur le boulevard Saint-Michel, après le déclenchement de l’offensive du Têt par la résistance vietnamienne. Plusieurs centaines d’étudiants, notamment de Nanterre, y participent. L’agence américaine d’American Express voit sa vitrine brisée. Les forces de répression en profitent pour arrêter six étudiants, dont le chef du service d’ordre de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (organisation trotskyste ancêtre de la LCR) et le secrétaire du comité Vietnam National.
Le surlendemain, une assemblée générale étudiante, à Nanterre, constitue un mouvement de soutien, baptisé « Mouvement du 22 mars ». Les participants occupent le dernier étage du bâtiment administratif de l’université. Les cent cinquante votants de l’AG appellent à une journée de débat pour le 29 par un tract distribué dans la faculté. Le doyen de l’université décide alors de suspendre les cours, sans pour autant pouvoir empêcher les débats. A partir de ce moment, le mouvement fait tache d’huile en région parisienne et au-delà.
La mobilisation s’étend d’abord à la Sorbonne et rompt son isolement. En effet, un meeting se tient dans la Sorbonne occupée et des commissions se créent. L’idée du boycott des examens se propage. Le 3 mai, un meeting est organisé à la Sorbonne mais la police intervient pour arrêter plus de 400 personnes. Cet événement permet une solidarité très large contre la répression, qui commence à déborder du milieu des étudiants de gauche, et même à se répandre dans la jeunesse et chez les travailleurs.
Une manifestation contre la répression et la libération de tous, étudiants et travailleurs, est organisée. Malgré les tentatives de l’UNEF pour contrôler le mouvement, la lutte s’amplifie et se radicalise. Du 10 au 11 mai, c’est la nuit des barricades, qui sont construites comme un réflexe, où étudiants, travailleurs et habitants du quartier se solidarisent dans la rue. Ensuite, des occupations d’usines permettent de propager le mouvement au sein de la classe ouvrière. A partir de la répression des milieux étudiants politisés d’extrême-gauche se déclenche une vague de luttes sociales d’ampleur européenne.
De mai 1968, cinquante ans de contre-offensive réactionnaire veulent laisser l’image de la « chienlit », du désordre, et de la décadence des « vraies valeurs ». En réalité ce fut un mouvement de lutte exceptionnelle de la jeunesse et des salariés qui posa la question « que faire de nos vies et de notre société ? » Le pouvoir de la bourgeoisie vacilla. Comme le reprenait Coluche, qui en 1968 était hébergé par Moustaki, « ce n’est qu’un combat, continuons le début ».
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