Cette journée du 5 octobre 2017 marque un tournant dans l'histoire des mouvements de grève en Comminges. En effet, une majorité de CDD du bureau de Saint-Gaudens ou contrats précaires ont décidé de se joindre au mouvement impulsé par les postiers. Nous n'allons pas jouer au jeu des chiffres puisque la Direction se délectera d'infirmer nos dires.
Il s'agit pour eux de montrer tout d'abord leur soutien aux camarades grévistes et surtout de faire remonter que le problème ne tourne pas qu'autour des titulaires. Plusieurs d'entre eux n'arrivent pas à finir les tournées dans les temps et depuis le début du conflit, La Poste leur demande de rentrer à l'heure et donc de ramener les restes de courrier non distribué. Une première ! En dehors des conflits, La Poste ne se soucie guère de ce détail...
Les renforts brigadiers venus de Toulouse pour écouler la charge de travail des agents grévistes ne sont pas non plus mis à disposition pour leur filer un coup de main. Stratégiquement ça ne sert à rien de donner des moyens à des agents dans la m***, il vaut mieux faire des économies pour couvir un mouvement social. La Poste y met le prix, entre les trajets aller-retour Toulouse / Saint-Gaudens / Aspet, ça plombe aussi l'idée vendue sur l'écologie. Bref, c'est pas du joli joli tout ça !
Que dire alors des largesses prises par rapport à nos lois françaises ? La Poste est-elle au dessus de ces dites lois ? Le droit de grève n'est pas respecté, selon certaines sources, des CDD intérimaires sont embauchés pour piquer et classer les tournées sur Toulouse... Alors qu'on nous menace sur l'irréprochabilité dont il faut faire preuve, La Poste, elle, fait fi de ce détail contraignant quand il s'agit de cacher la misère, la souffrance. Car en effet, c'est une souffrance du quotidien, morale et physique qu'endurent les postiers jour après jour. Il suffit de prendre en compte l'augmentation des TMS, des arrêts maladie etc... Passons.
UNE JOURNEE SOUS LE SIGNE DE LA SOLIDARITE :
Si plusieurs CDD ont décidé de franchir le pas tout en sachant les risques encourus, ça n'est pas anodin. Par cet article, par nos futures entrevues avec la Direction, la CGT FAPT s'engage à faire le nécessaire afin de les préserver. Nous alertons qui de droit et nous exigeons le respect du droit de grève et nous avertissons qu'à la moindre suspicion de répercussion, nous porterons le dossier devant l'Inspection du Travail et les Prud'Hommes. Nous ne tolérerons aucune sanction, aucune démonstration de force à l'égard de ce personnel précaire, que les choses soient claires !
L'Union Locale, comme tous les jours faisait parti des présents, Bernard Ducasse le secrétaire, nous a moulte fois apporté son soutien avec son équipe de choc, et aidé dans nos actions. Nous tenons à dire un grand merci à cette figure emblématique de la lutte en Comminges pour son engagement sans faille depuis des années pour la défense du territoire, des emplois, des entreprises et des services. L'inter-pro était aussi à nos côtés repréentée par des camarades de l'Hôpital, du SICASMIR et d'EDF. L'inter-pro se relayant dès qu'ils le peuvent pour venir nous soutenir nous pensons aussi aux camarades de l'EHPAD de Barbazan et des ASF (Vinci).
En ce jour de marché, beaucoup d'usagers sont venus nous apporter leur soutien, ont signé notre pétition et encouragé à ne pas lâcher. Les camelots ont aussi été sensible à notre mouvement et tous ne comprennent pas comment on peut en arriver là. L'appel du pognon est sans foi ni loi... Plus ils en ont plus ils se gavent plus on en crève. Inversons la tendance !
DE BREVES ENTREVUES :
Depuis tôt le matin, la Direction est venue prendre la tension, échanger quelques mots. Tout a commencé à la prise de service où elle me confiait qu'elle "faisait activement remonter les choses" pour débloquer la situation. Dans la matinée, la CGT FAPT a démandé où on en était côté Direction Départementale, si un nouveau projet était en discussion ou un éventuel report. La Direction locale nous informa qu'elle nous recevrait dès qu'elle aurait plus d'éléments. L'attente est une chose qui fâche pendant un conflit. Il nous est inconcevable de nous faire perdre du temps pour des raisons stratégiques. La Poste vise apparemment l'essoufflement du mouvement. Ce qu'elle ne semble pas prendre en compte, c'est que nous sommes déterminés et que 2015 nous a suffit à nous rendre compte que nous n'avons que trop été conciliant.
Alors que du point de vue organisationnel, nous nous améliorons de jour en jour, nous nous sommes attablés devant le bureau de poste, comme en plein camping. Un moment convivial où l'on peut en profiter pour resserrer les liens, discuter de nos soucis, du fait que ça va être dur pour la suite au niveau pécunier mais ça en vaut la chandelle. Ne serait-ce que pour le collectif et les usagers qui méritent un meilleur service rendu.
Peu après, le temps de la digestion, la Direction refit surface, nous convia dans le sas de sécurité pour nous informer... qu'elle avait mandat mais qu'elle nous recevrait demain matin à 9h aux côtés d'un responsable de la DSCC. La carte du temps un jour, la carte du temps toujours ! Ou comment remettre à demain ce que l'on aurait pu faire aujourd'hui. Enfin, on verra ce que l'on nous proposera. Nous avons par contre assuré notre intention de sévir si on se fichait de nous. La CGT peut parfois recourir a des moyens pour inverser la tendance, nous savons nous organiser lorsque les choses partent trop à la dérive.
CA PETE DE PARTOUT :
Alors qu'à Saint-Gaudens le conflit commence à s'éterniser, nous apprenons dans la foulée que les postiers de Muret étaient partis en mode conquête. Dans le département comme partout en France, les postiers déposent des préavis à l'appel de la CGT FAPT. Nous ne sommes pas un cas isolé, nous ne sommes pas les seuls à trouver que La Poste se désengage de son rôle premier et signe le sabordage du métier de facteur (augmentation du timbre, passage par l'internet, automatisation, fin de la gratuité de certains produits, augmentation des APC, fermeture de bureaux en milieu rural etc...).
Là où La Poste confirme sa pensée qu'il n'y a pas de petites économies, c'est sur l'utilisation à outrance de contrats pro. Ces gens qui pensent pouvoir entrer à La Poste après avoir fait une longue période en CDD par exemple et à qui l'on fait le coup de la carotte. C'est en effet un canular infâme, si ça a permis l'embauche de quelques précaires, d'autres sont mis sur le carreau malgré leur réussite, leur certification et c'est le cas chez nous de Sandrine. Une femme qui n'a pas compté les heures de dépassement sur une tournée confirmée trop chargée et qui a tourné sur une équipe. On lui propose de l'accompagner en agence d'intérim sans lui faire un écris s'engageant à lui offrir un poste dès que possible. Après 18 mois en intérim, c'est bye bye baby ! Trouve toi autre chose, tu peux aller à la concurrence, t'es formée pour... Une honte ! La Poste fait former des agents déjà qualifiés et les jette comme de vulgaires kleenex foutant en l'air leurs espérances.
C'est cette note d'amertume que nous ressentons à chaque fois que nous voyons défiler des personnes à qui l'on s'attache. Là c'est trop, ça ne peut plus durer, de qui se moque t-on ? Pour finir sur l'utilité du contrat pro, il faut savoir que c'est le Conseil Général qui paye la formation, La Poste les rémunère au lance-pierre mais les utilise comme des agents normaux voire plus. Il n'y a pas à dire, La Poste nous "simplifie la vie" c'est d'une évidence...
CA CONTINUE ENCORE ET ENCORE :
Tout est dit, on se retrouve demain devant le bureau de Saint-Gaudens, piquet de grève, installation du camp, pétition en musique etc...
Une chose est sure, l'heure n'est pas au fatalisme, tout le personnel dehors se sacrifie autant par le salaire que par l'épuisement physique et moral puisque, pour le vivre tous les jours et l'avoir déjà vécu, il faut savoir que faire grève ça n'est pas de tout repos. Mais nous tenons le coup, nous sommes largement soutenus et nous pourrons tenir le temps qu'il faudra pour aboutir sur de réelles avancées. Nous ne pouvons continuer à laisser La Poste sacrifier l'humain est notre coeur de métier impunément.
Merci à toutes et à tous celles et ceux qui nous prennent de leur temps pour venir nous soutenir, nous encourage. Nous allons gagner !
La section CGT FAPT de Saint-Gaudens fera le nécessaire afin d'élargir l'action en Comminges, que ce soit aux côtés de l'inter-pro que des autres bureaux de poste menacés par de futures réorganisations incensées.
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