Par Les Echos | 20/02
En 2013, le bénéfice net de la Poste a progressé de 31 % à 627 millions d’euros. Pour les syndicats, c’est seulement grâce au Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi que ce résultat a pu être obtenu, ce que la direction ne nie pas.
A première vue, les résultats financiers de l’exercice 2013 que La Poste dévoile ce jeudi en début d’après-midi sont plus que satisfaisants. Le groupe public présidé par Philippe Wahl annonce en effet un bénéfice net de 627 millions d’euros, en progression de 31 % par rapport à 2012 - c’est mieux que les 605 millions qui étaient inscrits au budget prévisionnel de 2013, ceci pour un chiffre d’affaires de 22,08 milliards d’euros, en hausse de 2 %. Au sein du groupe, La Banque Postale (avec un produit net bancaire de 5,539 milliards d’euros, +5,7 %) et l’activité Colis-Express (5,98 milliards d’euros, +7,3 %) sont bénéficiaires. Mais, loin de se réjouir de ces résultats, les syndicats fustigent une présentation en trompe-l’oeil.
« Comment établir une cohérence entre le repli de -5,6 % du résultat d’exploitation et la progression fulgurante du bénéfice ? Elle s’explique tout simplement par l’injection du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) à hauteur de 297 millions. Sans ce +produit dopant +, les résultats nets seraient pratiquement divisés par deux », souligne le communiqué du syndicat FO Com.
Même analyse chez SUD PTT : sans « l’écran de fumée du CICE », les bénéfices seraient en recul. Ce que la direction admet : « Hors CICE, il (le résultat net, NDLR) est en recul à 330 millions d’euros », relève-t-elle dans son communiqué (voir ici ). « Concrètement, explique le syndicat, les bénéfices de la Banque Postale et du secteur colis compensent partiellement la baisse du résultat du Courrier. Il est d’ailleurs à noter que, pour la première fois, ce résultat net ne permet pas de financer le coût du service universel du courrier ».
Choix politiques et stratégiques
La CGT met en exergue le résultat d’exploitation du groupe qui a atteint 770 millions d’euros, en baisse de 5,6 % par rapport à 2012 (et -42% hors CICE). Un recul qu’elle impute « pour partie seulement » à la chute des volumes du courrier (chiffre d’affaires de 11,10 milliards d’euros, -2,7 %), l’autre partie relevant selon elle « de choix politiques et stratégiques » : recours accru à la sous-traitance dans le transport, « bradage » du patrimoine immobilier, suppressions d’emplois (2715 à la maison mère et - 7.561 en tout depuis 2012) ou encore l’acheminement à J+1 (et non plus J+1) du courrier .
Pour l’avenir, La Poste devra aussi composer avec le désengagement financier de l’Etat, qui réduit peu à peu les compensations dues au titre des missions de service public, une charge estimée à plus de 500 millions d’euros pour la Poste l’an passé. Une situation d’autant plus mal vécue que, comme l’indique FO Com, « la trésorerie est passée dans le rouge, contraignant l’entreprise à l’endettement afin de s’acquitter des dividendes dus à l’Etat (171 millions d’euros) ». Dans ce contexte, le groupe vise en 2014 une progression de son chiffre d’affaires « de l’ordre de 1 % à 2 % », soutenue par le développement du Colis, de l’Express et de la Banque Postale. Mais « le résultat d’exploitation devrait connaître un recul car les effets de la baisse des volumes de courrier ne seront pas totalement compensés », indique son communiqué.
Les Echos
Voir aussi : La Poste remporte la palme du CICE (liberation.fr) 20/02/2014