Stress au travail: la Poste sur la piste de France Telecom?
Suicides, épuisement... un courrier de médecins de la Poste dresse un constat alarmant. La direction se défend.
«La Poste crée des "inaptes" physiques et psychologiques.» La phrase est écrite noir sur blanc par des médecins travail à la Poste, dans un courrier adressé le 20 mai au président du groupe, Jean-Paul Bailly, ainsi qu'aux ministres Christine Lagarde (Economie), Roselyne Bachelot (Santé) et Eric Woerth (Travail).
Révélé hier jeudi par le quotidien Le Télégramme, le document (à lire ici en PDF) est signé par le Syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste, qui regroupe une majorité des 150 médecins de prévention que compte le groupe, selon le Syndicat national des professionnels de la santé au travail.
Sur cinq pages, les médecins dressent un état des lieux alarmant, qui n'est pas sans rappeler celui d'autres grands groupes dont France Telecom. Des «suicides ou tentatives de suicide, dont on peut penser qu'ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelle». Un «taux d'absentéisme pour maladie (qui) atteint des seuils sans précédents», un «mal-être au travail» à «tous les niveaux opérationnels de l'entreprise», des «situations d'épuisement physique et psychologique».
Voilà pour le constat. Les causes? Le texte pointe la «très forte pression commerciale individuelle et quotidienne exercée sur les guichetiers», la «très grande distorsion perçue par les agents entre la communication interne de l'entreprise (...) et la réalité du quotidien au travail», des «organisations de travail de plus en plus virtuelles»...
Le texte forcerait-il le trait ? Oui, à en croire le supérieur hiérarchique des médecins du travail de la Poste, le docteur Bernard Siano, qui le dit «excessif». La Poste n’a «pas attendu ce courrier pour mettre en place une stratégie de prévention» des risques psychosociaux, qu’elle «pratique depuis plusieurs années», a-t-il fait valoir auprès de l'AFP. (...)
«A tous les niveaux»
L'un et l'autre décrivent des sources de stress «à tous les niveaux». A la distribution, ce sont des facteurs qui ne voient plus le bout de leur journée sans pour autant se faire payer leurs heures sup. «Même les plus chevronnés ne peuvent que finir leur vacation en retard.» A fortiori depuis la mise en place du plan «facteurs d'avenir» qui, en supprimant le volant de postiers remplaçant, oblige les facteurs à délaisser leur propre tournée pour finir au pied levé celle du collègue absent (la «marguerite», dans le jargon). «Résultat, ils n'ont plus le temps de manger, font encore plus de kilomètres, ils fatiguent».
«Les cadences sont infernales. Je commence à 6h30 et je termine souvent à 16 heures sans même avoir pu finir», témoigne ce facteur du Pas-de-Calais, 20 ans de métier et «pourtant pas du genre à (se) plaindre». «L'humain à disparu. Prendre trois secondes pour saluer les gens sur la tournée, c'est trente secondes de trop.» Dans son équipe, sur treize facteurs, deux sont «en arrêt pour dépression» et lui même a «craqué» il y a trois mois. «J'ai pensé en finir, je n'ai pas honte de le dire.»
«Objectifs intenables»
Au guichet, pas mieux, poursuivent les syndicats. «On leur demande de faire toujours plus toujours plus vite». Poussés à «se transformer en commerciaux», soumis à «toujours plus d'objectifs», «ils ont le sentiment qu'il n'y a plus d'humain, plus d'éthique, plus d'idée de service public».
Quant à la Banque postale, «les objectifs sont intenables». Les vendeurs les moins performants sont «mis au pilori», dénonce Nicolas Galepides, qui explique comment les salariés reçoivent chaque mois la liste des conseillers qui n'ont pas vendu assez.
Au milieu, des «managers de proximité» pris en tenaille entre les objectifs fixés par la direction et le désarroi de leur équipe. Ainsi ce cadre de Loire-Atlantique et élu CFTC, a appris la fusion du bureau de poste qu'il dirige alors qu'il était en congé maladie pour hernie discale. Postier depuis près de trente ans, il n'est «pas passé loin de la dépression» ces derniers mois. Aucun médecin du travail à qui s'adresser: «Dans le département on n'en a plus depuis quatre ans.»
«La direction ne nous parle qu'en termes de "gains de productivité" d'"optimisation des moyens”. Alors que sur le terrain, toute une partie du travail n'est pas mesurable.»
Accusée d'être dans le «déni manifeste» par le courrier des médecins et par les syndicats, le direction se dit «surprise et choquée» par ce qu'elle qualifie de «procès d'intention innacceptable». Par retour de courrier le délégué général «réaffirme l'engagement de l'entreprise en matière de santé et de sécurité au travail», rappelant à l'appui différents dispositifs mis en place: un «protocole de prévention eu harcèlement moral» depuis 2002, un «plan sécurité au travail» amorcé en 2007, et un «Observatoire de la Santé au travail» en 2008.
(source la libération.fr)
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"Après France Télécom , c'est au tour de la Poste de subir un profond changement qui la mènera sans doute à la privatisation. Le blogueur associé SuperNo met en garde contre les conséquences d'un tel remaniement. En cause le stress au travail sans que le service soit forcément de meilleur qualité (voir article complet du 21 avril 2010 sur Marianne 2.fr)".
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Le stress est un réalité quotidienne dans n'importe quel corps de métier mais quand, en plus de la pression que nous avons à essayer d'exercer au mieux notre métier, de rendre un service social et de qualité aux usagers, on nous en rajoute une couche de plus (par des objectifs impossible à atteindre, des ordres contradictoires, ou parce que l'on impose par don de voyance que tel jour le traffic de courrier sera faible et donc que l'on fonctionnera en configuration "jour faible" ou encore que l'on utilise comme prétexte le bon vieux terme "absence inopinée" sur une longue durée ou pour le lendemain...).
Et en plus de tout ce fatras incompréhensible et illogique de remaniements (qui ne sont pas les mêmes selon les bureaux), il faudrait selon l'encadrement, "jouer le jeu" afin d'en arriver au top niveau de la compétition (La Poste possède toujours le monopole et gaspille depuis très longtemps et pour rien ses bénéfices dans la publicité, les partenariats, l'endorsement, etc...).
Donnez nous les moyens, le volant de remplacement adéquat, payez nous les dépassements horaires cumulés depuis l'installation de ce projet chaotique (2007) et désastreux que ce soit du point de vue physique ou moral mais surtout rendez nous les heures d'insomnie, empêchez nous de nous empoisonner au moyen d'anti dépresseurs, rendez nous nos week ends si courts où nous n'avons rien pu faire, nos RTT qui sautent pour les "besoins du service", nos CDD cumulés sur des années et tout ça bien sûr illégalement, embauchez justement les CDD qui restent malgré tout fidèles ou faites les sponsoriser par kleenex (on prend quand on a besoin et on jette) au moins ils auront quelque chose, j'en passe...
Rendez nous notre vie, car c'est bien ça, une vie amplie de stress, de peur et de pressions au boulot ne va pas de pair avec une vie tranquille familiale. Les répercussions sur celle-ci peuvent s'avérer désastreuses et malheureusement certains l'ont prouvé par la pire des choses pouvant arriver lors de l'exercice d'un métier, le suicide.
Il ne faut pas oublier aussi que "les troubles psychosociaux, le stress et les TMS représentent la première cause d’absentéisme au travail" et le coût du stress sur l'entreprise représente un problème. Mais alors pourquoi continuer dans cette optique ? (source : De France Télécom à la Poste : le stress au travail et des remèdes, Eric Saunier).
Ce que l'on retient : quand il y a stress, il y a dysfonctionnement !
A lire, article du mague.net du 07/03/2008
Suicide et stress professionnel : les employés de la Poste largement exposés
A voir sur France 5 "Orange amère" reportage sur France Télécom (08/02/2011), un autre lien utile démontrant encore une fois le parallèle existant avec La Poste : les salariés "fragiles" de France Telecom (europe1.fr du 04/05/2011).