INTERVENTION UL CGT 17 MARS 2016
Le projet El Khomri coécrit par le MEDEF aurait été vidé de sa substance pour certains réformistes ?
Laissez-moi rire !!!
Il reste inacceptable et doit être retiré.
Son article premier suffit à le disqualifier, lui qui subordonne les droits et libertés des salariés au « bon fonctionnement de l’entreprise ». Il scelle la remise en cause historique, juridique d’un siècle entier de Code du travail.
Qu’est-ce que ce Code ? Qu’est-ce que la politique, sinon la mémoire qui informe l’action ? Ne jamais oublier.
Ne pas oublier que le Code du travail naît en 1910 après l’horreur de Courrières, dans le Pas-de-Calais. Après qu’en 1906, 1 099 mineurs avaient perdu la vie au fond des puits. Le patron exige alors que le travail reprenne immédiatement. Il stoppe la recherche des victimes.
Cachez ces misères qui entravent l’entreprise.
Et puis, douze jours plus tard, 14 survivants enfouis réapparaissent. Après des nuits de terreur et d’efforts. Miraculés. Enterrés vivants. Ouvriers morts avant d’être morts.
L’émotion est immense. Elle force à créer le ministère du Travail. Pourquoi ? Pour que ce ministère échappe aux diktats des employeurs et au ministère de l’Économie.
Avec quel point d’appui, quelle barricade juridique pour résister ?
Le Code du travail.
L’inverse est à l’œuvre : le ministère de l’Économie règle de nouveau la politique du ministère du Travail, réduit à n’être que son DRH.
Notre choix de civilisation fut depuis Courrières d’adapter le travail aux humains et non pas les humains au travail. Quand le président veut « adapter le droit au travail aux besoins des entreprises », il écrit l’histoire à l’envers.
Le droit du travail doit être un garde-fou par rapport au droit de la concurrence.
En ne voulant plus de durée légale pour tous, en actant le règne des dérogations, les projets El Khomri, Badinter, Macron, cassent les relations de travail au détriment du corps humain, de sa santé, de la vie de famille et de l’emploi pour tous.
La notion de durée légale est de facto supprimée, les patrons en décideront, au cas par cas, le pistolet sur la tempe de leurs salariés. Les syndicats majoritaires (élus avec un quorum !) pourront même être court-circuités par les syndicats minoritaires qui auront le droit d’en appeler au patron pour qu’il monte un référendum à ses ordres. C’est le come-back de l’employeur-maître !
La CFDT qui annonce ne pas vouloir lâcher sur le plafonnement des indemnités prud’homales voudrait-elle nous faire oublier qu’elle a fait bien pire en votant l’ANI ?
Oui je le redis haut et fort : quand l’esclavage sera rétabli, le PS et la CFDT négocieront le poids des chaînes !
On comprend que les jeunes s’indignent. Que leur promet-on ? La précarité en début, au milieu et en fin de vie active. L’avenir bouché, interdit. Des jeunes méprisés au travail.
La loi El Khomri abaisse les possibilités pour les salariés de contester les modifications d’horaires, les baisses de salaire. La médecine du travail, les prud’hommes, l’indépendance de l’inspection du travail, les institutions représentatives du personnel sont laminés.
Bien plus qu’une énième provocation, ce projet de loi vaut déclaration de guerre à 18 millions de salariés.
Cent ans durant ce Code a été construit pour que les salarié-e-s échappent à la dictature de la rentabilité à courte vue. C’est un une œuvre juridique rare, faite des luttes, des sueurs, des larmes, des grèves, des manifestations, bref de toute notre histoire sociale.
Cent ans que le code du travail protège les salariés.
Et aujourd’hui ce gouvernement fait le choix de protèger les patrons y compris les plus voyous !
La criminalisation de l’action syndicale avec la condamnation par le seul fait du Procureur de la République des 8 cgtistes de goodyears en est un autre exemple.
Un meeting de soutien à nos 8 camarades et en leur présence est programmé à Toulouse mardi prochain, le 22 mars. Pour celles et ceux qui sont intéressés, l’UL CGT organise un déplacement en bus.
Nul comité de technocrates ne peut, entre lui, réécrire seul le code du travail, fruit dans chacune de ses lignes des rapports de forces sociaux.
Il est notre histoire, celle transmise par nos arrières grands parents.
Parce que le meilleur moyen de prédire l’avenir c’est de l’inventer, tous ensemble, salariés, privés d’emploi, jeunes, retraités, précaires, mobilisons nous.
Il ne faudra rien lâcher dans les jours qui viennent et peut-être même envisager des actions plus radicales que celles que nous avons menées ces dernières années.
Ne nous laissons pas berner et ne reproduisons pas les mêmes erreurs !
Seule une mobilisation massive, interprofessionnelle, intergénérationnelle aura raison de ce projet de loi et de ceux qui le défendent.
Seule une mobilisation exceptionnelle et radicale contraindra le gouvernement à baisser le pantalon quand leurs amis tombent les chemises !