Dans le cadre de la journée nationale d'action du 22 mars, notre section dépose un préavis de grève local sur les points suivants :
- Le comblement de l’ensemble des postes vacants par la requalification en CDI de tous les contrats précaires (CDD, Intérim, contrat pro, alternant...) qui le souhaitent
- L'arrêt immédiat de la distribution pilotée
- La prise en compte des charges de travail réelles, notamment pour les imprimés publicitaires et le PPI, le paiement ou la compensation du travail supplémentaire réalisé et la création des emplois correspondants
- Pas de pause méridienne à St Gaudens
- Le comblement de poste à l’aplomb de la bascule tel qu’il est écrit dans le protocole
- Prise en compte des prestations dans la charge de travail
- 2.1 grade de base qui passe par la promotion de tous les 1.2
- Prise en compte de la santé au travail et du stress en mettant l’humain au centre de l’organisation de travail
I) La mise en place de la distri pilotée signe la mort programmée du métier de facteur. Non seulement la mission de service public ne s'effectuera plus 6 jours sur 7 comme le veut l'engagement poste - Etat mais les tournées étant conséquemment chargées seront distribuées selon des zones de distribution prédéfinies. Fini de voir le facteur passer tous les jours même pour une lettre, parfois vous le verrez passer... à vide sauf exception si vous avez de quoi payer !
EXPLICATION :
La distri pilotée est une nouvelle méthode permettant d’adapter la distribution à la date limite de livraison des différents produits afin de supprimer du temps de travail sur les tournées. Le flux courrier quotidien d’une tournée est divisé en trois parties, A, B, C en fonction de la priorité des produits. Ainsi la partie C est distribuée tous les jours alors que les parties A et B sont distribuées alternativement. Le courrier entreprise par exemple sera traité en partie C, considéré comme prioritaire.
C’est la remise en cause de la distribution 6 jours sur 7 dans les boîtes aux lettres, le courrier prioritaire classé en A ou B n’arrivant à destination qu’un jour sur deux. C’est aussi le choix de prioriser ceux susceptibles d’y mettre le prix (les entreprises) au détriment de l’usager lambda, La Poste créé donc des inégalités de traitement considérant qu’il y a plus matière à aller chercher de l’argent chez les professionnels.
Mieux que ça, sachant que les tournées vont être remaniées et souvent à nouveau chargées d’une masse de travail supplémentaire, les facteurs n’auront plus le temps de « prendre le temps ». Travail bâclé et vitesse augmentée se laissent entrevoir car il faudra impérativement avoir fini la distribution pour 13h50 sous peine de sanction… fini ou pas.
En quoi ça vous concerne ? Simplement sur le fait que si un facteur n’a pas fini sa tournée dans son intégralité, il devra aussi prioriser le courrier de la veille et donc délaisser une partie de sa distribution. La gestion de cette situation en plus de la distri pilotée sera catastrophique voire impossible et ne relèvera pas le niveau de qualité de service au contraire.
II) Le comblement des postes vacants devaient se faire à la bascule de la réorganisation et par de l'emploi stable (CDI). Notre section avait porté la transformation des salariés CDD de longue date en CDI. La direction avait assuré que malgré l'appel à candidature et quelques sollicitations auprès d'autres directions, personne ne souhaitait ou ne pouvait venir à Saint-Gaudens donc l'emploi de ces salariés précaires pouvait résoudre la situation. Il n'en est rien, il semblerait que maintenant cela se débloque comme par enchantement.
Le problème est que pour ne citer que cet exemple, la promotion de FSE 2.1 était disputée par deux agents, 1 de Saint-Gaudens déjà FE 2.1 (donc pas de réelle promotion mais simplement un changement de poste) et 1 agent ayant passé un contrat pro dépendant du bureau de Muret. Malheureusement pour ce dernier, sa direction ne souhaitait pas le voir partir et c'est donc le FE qui a obtenu le poste... Revirement de situation, après tout ce cirque, l'agent échaudé est recruté à partir de juin. Bizarre...
Mais voilà, si 2 postes seront comblés réellement qu'à partir de juin, ça n'est pas ce qui était convenu à la signature de l'accord. De même, d'autres positions seront comblées par du personnel précaire. La CGT ne signe pas des accords pour que La Poste continue tranquillement à faire n'importe quoi.
Ainsi puisque certains postes seront comblés qu'à partir de juin, nous exigeons que la bascule à la nouvelle réorganisation s'effectue à ce moment là.
III) L'égalité de traitement de tous les agents et à tous les niveaux devrait être de mise seulement là encore ça pêche. Il y a déjà quelques temps une factrice FE a demandé à être rétrogradée puisqu'elle restait sur le bord de la touche à la mise en place d'une réorganisation et de toute façon la mission de ce grade ne lui convenait pas. Depuis la dernière grève de 2017, un agent FE a réitéré la chose en demandant à changer de poste. Accordé, il se voit attribuer une position de rouleur au back-office (grade 1.3) mais conserve son grade de 2.1. Quid de l'équité ? Comment peut-on justifier ces deux cas de traitement ?
C'est dans cette optique que nous exigeons la revalorisation du grade de base au 2.1.
Dans un tout autre terrain, plus au niveau pratique, les agents se voient menacés de sanction pour le non port des EPI. Pourtant divers dysfonctionnements restent encore "impunis" selon qui est concerné. Nous avons déjà remonté ce grief lors de précédents articles. Il est aberrant que La Poste joue au jeu des divisions pour justifier sa stratégie. Nous ne sommes pas dupes, cette tolérance à l'égard de certains agents ne sert qu'à nous monter les uns contre les autres or la responsabilité légale revient à la Direction. Il serait regrettable d'avoir à interpeller un organisme de contrôle pour farfouiner dans tout ça (le traitement de la PNA par exemple). La Poste n'hésite pas à ne pas honorer certains marchés et à couvrir des dysfonctionnements pour ne pas montrer qu'elle titube toujours plus à chaque réorganisation du fait de privilégier rentabilité et productivité.
IV) L'excellence se cache derrière un mensonge. Depuis déjà plusieurs mois, les postiers travaillant avec leur FACTEO (smartphone) se voient obligés de notifier le pourquoi de la non distribution d'un objet suivi ou d'un recommandé par une DP (Deuxième Présentation). Peu importe si le facteur n'est pas passé, que la tournée était à découvert ou qu'il n'a pas laissé d'avis de passage, l'option obligatoire à cocher est la DP. C'est mentir directement à l'expéditeur et au destinataire afin de préserver les statistiques du bureau pour atteindre les objectifs fixés par la Direction Départementale. Les facteurs pour la grande majorité le font à contre-coeur puisque d'autres options sont disponibles mais ordre est donné de faire ainsi.
Là encore on se rend compte que la qualité est laissée pour compte lorsque ça arrange La Poste.
Pour enfoncer le clou, dernièrement avec la distribution des élection, les facteurs ont dû faire face à jouer le jeu ou écouter leur conscience professionnelle. En effet, comme à chaque fois La Poste ne veut pas reverser l'enveloppe remise par l'Etat pour la distribution des plis électoraux aux agents distributeurs (pourtant paiement d'un travail supplémentaire). Elle impose ainsi de prioriser la distribution des plis électoraux sur le reste de la distribution. Ce qui veut dire, sans précision de plus, que les entreprises ne sont pas concernées à ce moment là par la distributions du courrier, de colis (etc...) alors que les facteurs sont poussés à les démarcher pour ramener de nouveaux contrats. C'est assez paradoxal en ce sens que La Poste n'hésite pas non plus à outrepasser la loi : détention illégale de courrier pour un agent, ça ne pardonne pas c'est la porte assurée mais là ? Autrement dit ce qui est valable pour les uns, les petites mains, n'est pas valable pour les autres, les dirigeants qui peuvent donc dépasser les limites lorsque l'envie leur prend.
V) Heures sup ou pas heures sup ? Depuis déjà plusieurs semaines sont en vigueur les horaires collectifs qui ont pour but de supprimer les dépassements horaires et par conséquent, leur paiement. La fin de service étant à 13h50, les facteurs doivent passer la porte à cette heure précise fini ou pas fini. La mise en place de la distri pilotée est la solution miracle pour ne plus avoir à gérer les dépassements et ainsi justifier de charger toujours plus les tournées.
Cela n'empêchera pas une montée de stress chez les agents frustrés de ne pas avoir accompli leur mission dans son intégralité et laissé de côté plusieurs quartiers pour le lendemain. Cela induira aussi l'augmentation de la vitesse, fera grimper le taux d'accidentologie et surtout la multiplication des erreurs de distribution. En bref, la qualité de service est mise au placard. La Poste compte sur la léthargie des usagers persuadés de ne rien pouvoir faire. A nous de leur montrer le contraire !
On va s'arrêter là pour le moment, ça fait déjà beaucoup à digérer. Nous devons être à l'offensive sur tous ces points et ne pas lâcher comme nous l'avons déjà prouvé auparavant.
Partout en France éclate des mobilisations de postiers toujours plus nombreux qui ne supportent plus d'être les dindons de la farce. Ainsi, pour notre part, à partir de lundi démarrent les hostilités si la Direction ne met pas ce qu'il faut sur la table des négociations et ne revoit pas sa copie en ce qui concerne ses engagements.
Laisser faire rien qu'à notre échelle n'apporterait que plus d'inégalités au collectif et ne confirmerait que notre soumission à la loi du marché. Fermer les yeux en ces temps difficiles où l'on subit diverses attaques dans notre métier comme dans notre vie quotidienne reviendrait à se rendre complice malgré nous (ou pas) d'une stratégie de casse du service public. On commence par laisser filer une chose puis une autre, on termine par perdre les congès payés...
En milieu rural le service public est une urgence, défendons le dans les rues le 22 mars.